Le chef de l'État a rappelé devant le Congrès lundi que le voile intégral n'est pas «l'idée que la République française se fait de la dignité de la femme».
«Signe d'asservissement» de la femme, la «burqa n'est pas la bienvenue sur le territoire de la République française», a lancé le président lundi devant le Parlement réuni en Congrès. «Nous ne pouvons pas accepter dans notre pays des femmes prisonnières derrière un grillage, coupées de toute vie sociale, privées de toute identité. Ce n'est pas l'idée que la République française se fait de la dignité de la femme», a souligné Nicolas Sarkozydevant les députés et sénateurs. «Le Parlement va se saisir de cette question pour organiser un débat et permettre à tous les points de vue de s'exprimer», a-t-il expliqué. Pour autant, le chef de l'État n'a pas tranché entre la «commission d'enquête parlementaire», souhaitée par une soixantaine de députés, qui ont soutenu la proposition d'André Gérin (PCF) et la voie, «moins comminatoire», de la mission d'information soutenue par Bernard Accoyer, le président de l'Assemblée.
La commission comme la mission devraient se pencher sur ce phénomène récent, encore restreint, mais en augmentation. La burqa, diffusée en France ces quinze dernières années, a été encouragée par des mouvements radicaux. On compterait ainsi environ 30 000 salafistes en France, dont quelques milliers de femmes qui portent la burqa, auxquelles s'ajoutent celles du Tabligh, autre mouvement fondamentaliste et piétiste. La plupart de ces femmes sont françaises, entrées volontairement sous la burqa comme on adhère à une «secte», rappelle l'anthropologue Dounia Bouzar : «Il s'agit d'ériger une frontière infranchissable entre ceux qui sont “dedans” et ceux qui sont “dehors”.»
Respect de toutes les religions
Comment contenir alors l'expansion de la burqa ? Les partis se divisent entre les partisans d'une loi et ceux qui craignent d'enfermer un peu plus ces femmes chez elles, voire de raviver la querelle qui avait entouré le vote de la loi sur signes religieux ostensibles à l'école en 2004. Car si Nicolas Sarkozy insiste pour sortir la burqa du champ religieux, le Conseil français du culte musulman semble, lui, l'entendre autrement. L'organe représentatif officiel s'oppose à toute remise en cause du voile intégral, regrettant une fois de plus «la stigmatisation de l'islam». Seul le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a pris ses distances avec le niqab, rappelant qu'il n'est ni prescrit par le Coran ni dans la tradition maghrébine.
Mais, signe religieux ou pas, il semble difficile de fonder en droit l'interdiction de la burqa. La laïcité ne régit pas la tenue des adultes dans l'espace public. Les questions de sécurité, avec la nécessaire identification dans certains établissements sous protection, comme les mairies, les gares ou encore les banques, semblent le vecteur le plus évident. Il est par ailleurs déjà interdit de conduire en burqa (jurisprudence de l'île de la Réunion). Autrement, il semble difficile de réglementer la tenue d'adultes sur la voie publique sans viser spécifiquement les musulmans.
Or, Nicolas Sarkozy entend au contraire faire de la laïcité le respect de toutes les religions. Et relancer plus largement notre «modèle d'intégration, qui ne fonctionne plus» car «au lieu de produire de l'égalité il produit de l'inégalité», «au lieu de produire de la cohésion, il produit du ressentiment», a déclaré le chef de l'État.
La lutte contre la discrimination sera la priorité du gouvernement et «il faudra savoir donner plus à ceux qui ont moins sans user de critères ethniques, contraires à nos principes fondamentaux, mais bien sur des critères sociaux».
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Bien joué, M. Sarkozy! :)
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